I) Quels sont les différents facteurs de l’apparition du rire ?

Jadis présent sans qu’on tente de l'interpréter, le phénomène du rire a, de nos jours, largement eu le temps d'être approfondi. C'est que de nombreuses études ont été réalisées dans le but d'expliciter ce que le plus grand nombre considère comme une simple traduction d'émotion spontanée.


A. L’influence du sexe et de l’âge

C’est le philosophe belge Eugène Dupréel (1878-1967), qui, avec sa théorie du « rire d’accueil et rire d’exclusion » perçoit une distinction sexiste de l’humour. Il est en effet remarquable qu’autre fois, il n’y avait ni de femmes clown, ni de bouffons femmes, ce qui prouve que les femmes étaient assez mal considérées pour ne même pas pouvoir être chargées d’un rôle de comédienne.
De la même manière, dans la société humoristique actuelle, on peut noter que seule une femme dépourvue de féminité fera rire, comme à l’exemple des célèbres grands-mères : les Vamps. Une femme qualifiée de belle à l’avis général ne fera pas rire.
En revanche un homme déguisé en femme sera risible, l’inverse étant moins probable. Plus globalement, il y a plus d’hommes que de femmes parmi nos comiques.















Deux comiques masculins déguisés en femmes : Les Vamps.


L’âge est également, concernant la matière à rire, un facteur essentiel.
En effet, l’adulte possède une conscience, une maturité que l’enfant n’a pas. Il aura donc conscience de l’aspect éphémère de son existence, donc de sa propre mort, et rira pour profiter des moments de cette vie qu’il sait limitée.
Les jeunes enfants, au même titre que les animaux, ne possèdent pas encore cette conscience de la mort et profiteront pleinement du moment présent ; chez eux le rire est spontané. Dans la plupart des cas sans comprendre le fond, ils rient de la forme. Ils saisissent donc la drôlerie de l’instant, et non le message véhiculé par la blague (à condition bien sur que la « blague » ait un message, et qu’elle laisse un minimum de marge à laquelle réfléchir pour finir par se créer sa propre opinion). Prenons pour exemple la série télévisée d'animation américaine « Les Simpson », qui propose des personnages drôles et attachants aux voix particulière, mettant ainsi en scène le quotidien d'une famille de classe moyenne avec humour. Ces personnages et cette série, qui divertissent petits et grands, ont deux facettes : les enfants y verront un comique de situation simpliste, ils riront du timbre exagéré voir inopportun des voix des héros, de leur physique, ou encore de toute autre chose de ce genre, appartenant à un comique de situation ou de geste. Au contraire, les adultes y trouveront une critique de la société moderne américaine ; et ayant déjà largement approfondi leur sens du rire par différentes expériences qui amènent à une plus large capacité critique pas encore développée par les enfants, ils laisseront de côté les émotions premières ressenties par les plus jeunes pour se concentrer sur le message implicite du comique de caractère, de mots, de mœurs.

L’adulte, à moins de se forcer, ne peut rire que s’il comprend ce qui a été dit, la manière ne suffit plus. Il est cela dit important que l’humour employé soit un juste milieu entre le trop ramassé - très fortement chargé en informations - et le léger - rire spontané de même nature que celui de l’enfant qui ne comprend pas le comique. Même si l’humour qui demande des références culturelles flatte ceux qui le comprennent, l’humour actuel a tout intérêt à modérer sa richesse, car il est très souvent difficile à placer en fonction de son contexte culturel.